AG3, l’Association de Gestion du Gîte du Gralet

Au tournant des années 1990’ –il y a 10 ans-, le Gralet et la Poutouille se sont refait une beauté. Encouragé par les élus gessiens et départementaux, le conseil municipal, alors présidé par François Collet, a décidé de restaurer ces deux chalets d’alpage typiques, longs de 33 mètres. La commune a, en effet, la particularité d’être propriétaire de l’ensemble des forêts et alpages de montagne.

La restauration du Gralet a été réalisée au cours de l’été 1989 par des entreprises locales ; celle de la Poutouille, qui demandait moins de travaux, en 1992, par deux figures mémorables de la commune, " Pistoche " de Feigère et Zeno de Logras. Il s’agissait de sauvegarder deux bâtiments, datant de 1834, éléments essentiels du patrimoine communal, notamment les superbes arbalétriers sur poinçon de la charpente, âgés de plus de 150 ans, et en parfait état mais menacés par l’affaissement de certains murs et le mauvais état de la couverture. La commune voulait aussi relancer l’activité pastorale et permettre à un alpagiste de " fromager " à nouveau ; seul volontaire, Albert Delavière est monté ainsi avec un troupeau de chèvres qui contribue au débroussaillage, devenu nécessaire, des pâturages.

Mais il s’agissait aussi d’assurer l’accueil des randonneurs en un lieu stratégique sur le sentier balisé du " Balcon du Léman ", sans pour autant déranger le bétail ni la tranquillité des lieux. Délicat équilibre à tenir mais que la mise en place de la réserve naturelle (en 1993) et de l’intercommunalité (SIGEP puis, en 1995, de la Communauté de communes) rendaient réalistes. Un abri, très sommaire, fut aménagé, en fond d’écurie, à la Poutouille, pour 4 personnes. Au Gralet, une nouvelle cuisine, adossée à la bergerie, et un dortoir de 19 lits, en comble, furent réalisés. Ces deux pièces sont d’accès libre (avec " réservation " pour les groupes). Le reste des bâtiments est fermé et réservé à l’alpagiste ou, pour la Poutouille, aux habitants de la commune qui font la demande pour y passer la nuit.

La formule, très libérale, n’est pas sans risque. Même en montagne, on n’est pas à l’abri de vandalisme. Mais la circulation, difficile et strictement réglementée de la piste pastorale est, sans doute, l’une des meilleures garanties. L’aménagement du gîte du Gralet est volontairement sommaire, c’est un refuge de montagne, ce n’est pas un " Gîte de France " avec jolis rideaux aux fenêtres ni cuisinière accorte, mitonnant de petits plats ! Si le Livre d’or du Gralet est le baromètre des opinions, celle-ci est au beau fixe ; pour la plus grande satisfaction de la petite équipe de bénévoles qui en assure le fonctionnement.

Officialisée au printemps 1991, l’Association de gestion du gîte du Gralet (AG3) est mandatée, par convention, par la commune pour veiller à l’entretien courant du gîte. Pour cela elle récupère le montant des nuitées (30 Francs, inchangé depuis 10 ans) avec lequel elle acquiert le matériel d’entretien et d’équipement (vernis pour huisseries, scies, étagères, ustensiles de cuisine, savates d’intérieur, matelas, housses et leur nettoyage, poêle à bois, etc…). 150 à 200 passages sont enregistrés chaque année mais beaucoup échappent à la comptabilité (quelques-uns omettent de verser leur contribution ; il y a aussi gratuité pour les mineurs et les habitants de la commune. Même s’ils ont autorité pour le faire, les membres d’AG3 préfèrent convaincre les utilisateurs d’entretenir les lieux " en bon père de famille " plutôt que de réclamer, à cor et à cri, un paiement qui serait remis de mauvaise grâce; ce qui pourrait avoir l’effet contraire du but recherché !

Deux fois par an, en juin et octobre, l’association, aidée par les employés communaux, procède au gros nettoyage et à la corvée de bois (4 à 5 jours minimum. Tout au long de l’année, l’équipe monte au Gralet pour assurer la surveillance et l’entretien : un coup de balai, une fenêtre mal fermée, une vaisselle déficiente, un coup de peinture, du bois à refendre, quelques sacs à ordure à descendre aussi –hélas ! - … sur le dos ! Mais, dans l’ensemble, les randonneurs qui fréquentent le Gralet respectent parfaitement le site. Avec l’aide des différents gardes qui arpentent la montagne (gardes forestiers, gardes chasse, gardes de la réserve naturelle, cantonniers, gendarmes et, même, militaires des Rousses) c’est au moins 60 rotations annuelles qui sont assurées, dont près de la moitié par les membres d’AG3. Le bon fonctionnement de cette formule " porte ouverte " est à ce prix.

En 10 ans, l’association n’a eu aucun coup dur à déplorer et rares sont les groupes qui ont dû se serrer parce qu’ils avaient omis de " réserver " leur place en téléphonant, au préalable en mairie. AG3 n’a, d’ailleurs, qu’à se féliciter de sa collaboration avec la mairie : le coup de main des employés communaux et de leur engin 4x4, les réponses téléphoniques des secrétaires qui renvoient, quand c’est nécessaire, aux responsables d’AG3 les demandes de renseignements, les fréquents contacts avec les élus et leur déplacement sur le terrain, 3 conseillers sont membres de droit dans l’association. Il faut dire que le système est avantageux pour les finances communales, le conseil municipal se déchargeant sur une équipe de bénévoles d’un travail qui serait, de toutes façons, nécessaire.

Il n’en reste pas moins vrai que le système est fragile. L’équipe comprend une dizaine de membres, Péronnais pour la plupart, ravis de rendre service, mais qui ont aussi d’autres activités, … y compris professionnelles ! Deux jeunes viennent de rejoindre les rangs cette année, mais il y a encore de la place … L’essentiel du travail repose sur l’activité du garde forestier, Alain Zirondoli, véritable cheville ouvrière de l’association grâce à ses différentes " casquettes " ; grâce à lui les quelques 8 stères de bois, nécessaires pour alimenter le poêle chaque année, sont récupérés, débités, coupés, transportés, fendus, rangés, … L’association vient, en décembre 1999, de décider l’acquisition d’une nouvelle cuisinière qui devrait être un peu moins gourmande en combustible.

Autre préoccupation, la pompe à eau, démontée aux premiers frimas, malmenée l’été et, donc, pompant mal l’eau –au demeurant " non potable "- des citernes. Un – coûteux- équipement solaire permettrait-il d’alimenter un stérilisateur pour faciliter la relance de l’activité fromagère qui a dû cesser depuis l’an dernier ? Des aménagements pour les poubelles et les toilettes seraient également utiles, sans pour autant transformer le gîte en "établissement de luxe " ; c’est sa rusticité qui fait son charme et assure la pérennité de la formule.

Sans que tout ceci soit strictement de son ressort, AG3, avec ses moyens, s’efforce de participer au bon fonctionnement de la vie communale. La bonne marche qui a prévalu, jusqu’à présent, la confiance du conseil municipal et les marques de sympathie des randonneurs et des habitants de la commune sont les meilleurs atouts pour encourager les membres d’AG3 à poursuivre leur mission, dans l’intérêt général.

Pierre-Maurice LAURENT, Président fondateur d’AG3